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Ugtt25°Congrès.J-3 : Sfax, le retour aux sources 76 ans après.

Soixante seize ans après le congrès qui lui donna naissance deux ans plus tard, c’est l’Ugtt elle-même qui revient à Sfax pour y tenir son 25° congrès ordinaire. Ce n’est que justice rendue puisque la ville ayant enfanté la prestigieuse et puissante centrale syndicale tunisienne, se voit honorer par l’organisation d’un congrès national dont elle a en a été privée ¾ de siècle durant.
Pourtant, Sfax a toujours été et demeure une ville de haute tradition syndicale. C’est entre ses murailles et par le soin de nombreux travailleurs parmi ses habitants, Farhat Hached en tête, que naquit, en 1944, l’Union des syndicats autonomes du Sud, qui avec sa semblable du Nord fondée en 1945 et la Fédération des fonctionnaires tunisiens donna naissance à l’UGTT le 20 janvier 1946. Seulement 18 mois après, soit le 4 aout 1947, elle fut le théâtre d’une grève générale que les autorités coloniales réprimèrent sauvagement à l’aube du 5 aout puisqu’elle couta la vie à 30 personnes et blessa près de 150 grévistes dont Habib Achour, alors secrétaire général de l’Union de Sfax qui fut éloigné à Mahrès, Zaghouan et Béja.
La répression qui s’en était suivie avait aguerri les syndicalistes qui s’engagèrent, en plus du quotidien des revendications ouvrières, dans la lutte contre le colonialisme français. Celui-ci s’en vengea en décembre 1952, en assassinant Farhat Hached.
Trois ans après, Sfax, avec l’UGTT et Habib Achour en tête, abrita un congrès extraordinaire du Parti néo destourien qui eut à trancher le différend opposant ses deux principaux leaders, à savoir Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef.
C’est à Sfax aussi, mais cette fois en 1965, que Habib Achour, alors secrétaire général de l’Ugtt, eut des déboires avec la justice tunisienne. On lui incomba la responsabilité de la défaillance du bateau reliant Sfax aux Iles Kerkennah suite à la mort de quelques touristes qui étaient à bord, étant lui-même président de la société propriétaire du bateau.
C’est aussi à Sfax que Bahi Ladgham, numéro 2 du régime Bourguiba, annonça, fin 1969, début 1970, l’éviction de la direction fantoche placée à la tête de l’Ugtt suite à l’emprisonnement de Habib Achour et l’émigration de son camarade Ahmed Tlili en 1965.
En 1978, Sfax fut à l’origine d’un texte très virulent présenté au conseil national de l’Ugtt qui retint le principe de la fameuse grève générale ayant finalement eu lieu le 26 janvier de ladite année.
Plusieurs autres actions et dates sont à mettre à l’actif de la région de Sfax, la plus marquante et la plus décisive d’entre elles ne fut autre que celle de la grève du 12 janvier 2011 qui, de l’avis de tous, scella le sort de Ben Ali et de son régime.
Sfax donna au pays des centaines de syndicalistes dont plusieurs, élus, membres de l’exécutif et à l’Ugtt quatre secrétaires généraux (Farhat Hached, suppléé par Mohamed Kraiem, Habib Achour, Abdelaziz Bouraoui et Abdessalem Jrad).